En 2017, je pars faire un tour du monde de 2 ans en solitaire avec l’envie évidente de confronter mon point de vue à celui des gens que j’aurai l’occasion de rencontrer. Avant d’entreprendre ce voyage et pour faciliter l’échange, je pense un projet photographique ad hoc, In situ.

J’emporte  avec moi des  appareils jetables de 27 poses, au mode de fonctionnement le plus simple et universel possible, que je remettrai dans chaque pays à plusieurs participants volontaires. A chacun, rencontré par hasard, j’expose rapidement le projet en essayant d’orienter le moins possible le regard. Un bouton pour prendre la photo, une molette pour rembobiner, une liberté totale sur les sujets. Leur oeil et leur vision seront forcément différents des miens mais ils s’exprimeront également via la photo, mon propre medium.

A mon retour, j’ai fait développé les dizaines d’appareils confiés et voir émerger autant de vernaculaires. Ils mettent en lumière des réalités que je n’ai pas capturées, d’instants que je n’ai pas partagés, conscient et contraint par mon statut de corps étranger aux pays traversés. Ils ont bousculé mon regard sur la sélection de mes propres photos, moi qui suis revenu avec plusieurs milliers de clichés.

Ce projet, loin d’être figé dans le temps, a pour vocation de perdurer. J’aimerais continuer à collecter, au fil de mes voyages et des années, des photos prises sur ces appareils et créer une base de données visuelles participative et ouverte à tous sur le web, dans une logique d’open source. En plus des participants que j’approcherais à ces occasions, le projet pourrait être ouvert en ligne à tout un chacun. La seule contrainte : 27 poses prises sur le vif pour respecter la logique initiale.